Après notre interview du studio londonien du studio DotDotDot – à retrouver dans notre article DotDotDot. Qui est là ? – nous rêvions de vivre l’une de leur expérience ! C’est chose faite avec un classique de la science fiction en plus : la Guerre des Mondes !
Andrew McGuinness nous partageait, il y a plus d’un an, sa vision de l’immersif mêlant technologie, théâtre, dispositifs sensoriels et storytelling puissant après la réussite de leur première expérience SOMNAI. C’est désormais chose faite avec Jeff’s Wayne: War of the World !
Jeff’s Wayne : War of the World n’est pas une expérience quelconque. Ayant pignon sur rue à Londres, elle s’est imposée comme une expérience majeure dans le paysage du divertissement immersif ! Inspirée de l’œuvre de H.G Wells, la création de DotDotDot vous fera vite oublier le bon vieux nanard des années 2000 au profit d’une expérience sur vitaminée au rythme de la bande-son composée par le-dit Jeff Wayne et d’une réalisation presque impeccable !
L’expérience

La guerre est terminée, les Anglais ont vaincu ces tripodes venus de Mars ! Pour ne pas oublier ce moment historique, vous avez aujourd’hui la possibilité de le revivre – en suivant les traces de George Herbert, un journaliste clé dans cette histoire puisqu’il a raconté avec précision cet événement qui aurait pu signer la fin de notre civilisation.
Pendant deux heures, vous allez donc revivre la Guerre des Mondes, depuis le moment ou l’on observe des émanations vertes étranges de Mars, jusqu’à l’arrivée des tripodes, leur domination et leur défaite – parce que vous allez les vaincre façon Veni, Vidi, Vicci (Of course !).
Ce que l’on a aimé :
Une expérience immersive d’un album
Jeff Wayne’s War of the World est avant tout une expérience musicale. L’œuvre du compositeur n’est pas très connue en France, mais c’est un monument en Angleterre. Son album sur la guerre des mondes s’est vendu à plus de 16 millions d’exemplaires, soit le 32ème album le plus vendu de tous les temps au Royaume-Uni !
En 1975, Jeff Wayne découvre l’œuvre de H.G Wells et s’en inspire pour composer un album dédié. La composition mélange de pop électronico-furiste un peu kitsch dont les pistes nous racontent le déroulé de la guerre des mondes.
Notre expérience est avant tout une mise en scène de cet album ! Une idée assez simple mais qui va se révéler très surprenante tant les pistes sont originales. Chaque scène correspond ainsi à une chanson de l’album, soit un chapitre du livre. Nous sommes assez fans de cette manière de donner vie à un album.
Donner un véritable rôle à la réalité virtuelle…
S’il y a un point sur lequel DotDotDot nous surprend, c’est sa maitrise technologique. Généralement, la réalité virtuelle s’intègre très mal dans les contextes expérientiels. L’usage n’en est pas justifié, les contenus sont mauvais, et impossible d’enchainer rapidement les sessions et donc de passer à l’échelle. L’émotion que l’on vient chercher chez les participants – Wahou trop cool cette nouvelle techno – est raté.
Dès le départ, l’expérience met la barre très haut avec une petite salle de cinéma-théâtre dans laquelle vont s’animer des hologrammes ! Une introduction hollywoodienne qui donne envie. Puis on passera ensuite par des moments en réalité virtuelle, entrecoupées de scènes réelles avec des acteurs, et même un mini-dôme immersif !

C’est très convaincant et cette utilisation fait totalement sens : Nous revivons les mémoires d’une époque perdue, avec des scènes en bateau et des tripodes de plusieurs dizaines de mètres de haut… impossible à modéliser en vrai alors qu’en réalité virtuelle, c’est possible.
… et bien l’intégrer dans le parcours !
Ces dispositifs sont complétement intégrés dans le déroulé de l’expérience : avant le démarrage de l’expérience, des opérateurs nous expliquent rapidement le fonctionnement des casques, et à chaque fois des opérateurs seront présents lorsqu’il le faudra pour nous aider à mettre les dispositifs et les enlever. Les contenus démarrent au bon moment, pas de temps d’attente, c’est top !
La réalité virtuelle est par ailleurs toujours insérée dans un espace physique : si vous êtes sur un bateau, ça va bouger et vous recevrez de l’eau ; s’il y a une rambarde dans le casque, vous pouvez pour y tenir physiquement ; si vous êtes cachés et qu’un extra-terrestre vous touche avec ses pinces, vous les sentirez sur vous… On sait bien que ce sont des opérateurs qui nous aspergent de gouttelettes ou qui nous touchent avec des pinces en métal, mais l’effet est saisissant !

Une première partie très bien rythmée
La première partie de l’expérience est excellente. Les environnements sont très diversifiés, de même que les jeux d’acteurs et les technologies utilisées. En tant qu’utilisateur, nous flottons sur une vague de découverte et d’émerveillement constante. L’expérience se renouvelle à chaque fois et on n’a pas l’impression de déjà-vu.
Par ailleurs, si l’interaction est assez faible puisque nous sommes relativement passifs, les comédiens nous prennent souvent à partie et viennent s’ajouter des micro-actions en plus de la déambulation guidée, comme porter des sacs de sable ou nous demander ce que nous avons vu.
Ce parcours est rendu possible par la taille de l’espace, immense ! Chaque pièce est conçue pour accueillir jusqu’à 12 personnes en même temps et nous passons par… 25 pièces. Au bout d’une heure, vous arrivez dans un bar caché, dans lequel vous pourrez passer 20 minutes de repos. Cela peut paraitre long, mais c’est nécessaire pour reprendre ses esprits…
Le parcours est très rythmée est diversifié !
Un avant et un après-expérience assez stylé
Avant l’expérience, le site nous engage fortement à écouter l’album : cela permet d’avoir une meilleure idée de l’histoire, et de profiter autrement de l’expérience lorsqu’on connait un peu les chansons ! Nous sommes déjà dans l’ambiance avant même d’avoir mis un pied dans le bâtiment.

Et justement, quand on met un pied dans le lieu ? Nous sommes déjà dans l’expérience ! Nous arrivons dans un bar très steampunk : tout en cuivre, engrenages apparents, machines, et surtout… un tripode ! Le bar est à la fois un lieu où on peut prendre des verres (forcément), mais aussi admirer toute la décoration et les détails. Avant l’expérience, on commence à se poser tout un tas de questions sur ce qui nous attend… Après l’expérience, c’est aussi un sas très réussi, puisque nous y arrivons comme de véritables héros, à grand coups de fumigènes, présentés aux clients tranquillement assis comme les survivants de l’attaque des Martiens ! C’est une fin particulièrement glorieuse.
Ce que l’on a moins aimé :
Bonjour le Motion Sickness
DotdotDot nous a définitivement convaincu des opportunités offertes par la réalité virtuelle dans des expériences immersives. Lorsque cela se justifie, il y a de réel usage et un effet wahou assez sympa ! En revanche, les contenus en eux-mêmes sont perfectibles.
L’une des scènes – dans laquelle nous sommes dans un bateau qui se fait attaquer par un tripode dans une mer déchainée – provoque du motion sickness quasiment à coup sûr. Heureusement qu’elle s’enchaine avec une pause dans le bar caché pour permettre à notre cerveau de récupérer !
Par ailleurs, le mini-dôme est une ode à la nausée. Vous regardez en l’air un univers qui ne fait que tourner sur lui-même à une vitesse assez rapide, bref, nous avons fermé les yeux. C’est dommage, c’est une superbe idée d’avoir conçu des mini-dômes et nous n’avions pas vu ça ailleurs.
Une deuxième partie en deçà
Si la première partie est excellente, la deuxième partie l’est un peu moins et nous parait trop vite expédiée. Ce n’est pas plus mal car nous commençons à fatiguer – toute votre attention tenue en haleine, avec des stimulis sensoriels très forts, pendant deux heures, c’est long ! Et ce malgré la pause dans le bar.
L’intrigue nous parait moins travaillé, les scènes vont beaucoup plus vite et on se sent un peu moins dedans. Il est en fait difficile de rentrer à nouveau dans l’expérience après cette pause d’une vingtaine de minutes. Seule exception à cela : la scène dans le confessionnal est un petit bijou !
Un parcours très guidé
Pendant toute la durée de l’expérience, nous sommes guidés et serons cantonnés à suivre un parcours linéaire… C’est un peu dommage et on aurait apprécié avoir plus d’interactions. Difficile d’imaginer refaire l’histoire, puisqu’on ne va pas changer le script de la guerre des mondes, néanmoins notre présence n’a aucun impact sur le scénario et s’en est parfois troublant alors même que vous voudriez aller bien plus loin dans ce terrain de jeu incroyable !
Les informations pratiques
Le lieu : 56 Leadenhall Street, London, EC3A 2BJ, Londres
Le prix : à partir de 40 pounds !
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