Il y a quelques semaines, nous dévoilions l’enquête mystérieuse à distance de la nouvelle création d’Electric Goldfish dans une interview avec Nina Tolstoy. Si les productions à distance se multiplient, covid-19 oblige, The Pandora Network Episode 1 – The Burried Hatchet, restera l’expérience la plus collective, amusante et singulière de notre confinement.

La petite vidéo teasing toujours apprécié 🙂

L’expérience

Un dimanche soir à Pondermere

Nous voilà donc réunis un dimanche soir sur un groupe Facebook secret. Certains des nouveaux membres du réseau mondial Pandora sont déjà là depuis le petit matin, d’autres ne sont pas encore arrivés. En attendant, Félix Chase, l’un des enquêteurs rodés du réseau d’enquêteurs poste un message sur le groupe, il est en route vers Pondermere, la scène du crime mystérieux, et verra demain sa partenaire Béatrice. Ah, et Félix semble aussi avoir un mal de tête persistant.

à quoi ressemble Pondermere dans the Pandora Network?
A quoi ressemble Pondermere ? – Credits : Electric Goldfish

Les messages de réponses fusent. La plupart des participants partagent leur bonheur de rejoindre le réseau. Certains demandent à Félix s’il est bien arrivé, d’autres lui intiment de se rendre au Pub du village en arrivant – oui, le sens des priorités ! enfin d’autres encore lui souhaitent bon courage pour son mal de tête. Et nous, nous sommes heureux de nous retrouver avec tous ces joyeux lurons pendant une semaine ! 

Le Jour J

Lundi, nous découvrons la première pépite de l’expérience : la vidéo promotionnelle du Réseau Pandora. Posté Béatrice Blackthorn, ce mini-film très corporate est d’une autre époque. Kitsch à souhait, resté dans son jus des années 90 il nous informe sur la révolution numérique à venir et l’impact du world wide web pour les enquêteurs de demain. Il est désormais possible de mener des enquêtes avec des agents sur le terrain et des agents répartis partout dans le monde, depuis chez eux ! En bref, un bijou qui nous met d’excellente humeur et qui plante bien le décor de ce pourquoi nous sommes là.

Mais c’est surtout la suite qui va capter toute notre attention. Un enregistrement audio nous est partagé. Il contient les premiers éléments d’une affaire qui anime les habitants de Pondermere ces derniers jours.  Un meurtre a été commis dans une demeure appartenant à une riche famille japonaise, la victime est morte dans des circonstances plus qu’étranges.

Il nous appartient à nous, membre du réseau Pandora d’apporter la lumière sur ce meurtre. Pendant les sept prochains jours, nous serons dédiés à la tâche. Agissant à distance pour aiguiller les actions de Félix et Béatrice sur le terrain. Nous aurons de nombreuses théories plus ou moins fumeuses, des discussions parfois loufoques, et une ambiance toujours au beau fixe… tant mieux, cela fait du bien !

Kimura Mansion - le lieu du crime dans The Pandora Network - burried hatchet
La scène du crime ! credits : Electric Goldfish

Ce que l’on a aimé

Co-écrire l’intrigue

Nos publications ne sont pas inutiles. Elles aident Félix et Béatrice à décider des actions : fouiller tel lieu, interroger telle ou telle personne du village, poser telle ou telle question. C’est intéressant puisque, malgré un scénario relativement linéaire finalement, cela laisse une bonne marge de manœuvre pour faire du hors-piste. Lee Conway, le comédien derrière Félix Chaque nous confirme que le groupe qui nous a précédé était très intrigué par un lieu en particulier. Ils n’arrêtaient pas de demander aux enquêteurs d’aller là-bas alors qu’il n’y avait rien à en tirer !

« Au jour 4, ils ne voulaient pas croire que ce lieu ne servait à rien, nous avons dû créer un nouveau matériel pour tenter de revenir sur d’autres éléments de l’enquête ! »

Lee Conway

Preuve que chaque expérience est différente en fonction de la dynamique de groupe. Surtout, quelques très bonnes ides permettent d’impliquer davantage certains participants et offrent des échanges vraiment prenants !

Enfin un groupe Facebook dynamique

En temps de confinement, pouvoir discuter avec 25 autres personnes venus du monde entier est toujours le bienvenu ! Le groupe est extrêmement dynamique. Et pour cause, les différents fuseaux horaires permettent d’avoir des participants qui postent leurs théories et leurs questions en continu. Il n’y a donc pas énormément de plage horaire calme. Bien sûr, cette dynamique est aussi le fait des comédiens. Félix et Béatrice jouent un rôle clé dans l’animation de cette nouvelle communauté. Ils rebondissent sur les idées des uns et des autres, et en les connectant pour étayer de nouvelles pistes. On ne peut que saluer cet investissement des comédiens qui nous confirment la difficulté d’un tel exercice. D’ailleurs, à lire les messages, nous avons même l’impression que certains participants ont réussi à créer un lien fort avec les personnages… sans jamais les voir !

Toucher des publics nouveaux

Facebook a l’avantage de pouvoir réunir rapidement beaucoup de personnes d’horizons différents. Tout le monde connait l’outil, et il n’y a pas besoin de télécharger une nouvelle application. L’expérience à distance permet de toucher des personnes pas forcément intéressées par le théâtre immersif.  

Des matériaux qui réservent parfois une bonne surprise

l’expérience tient en haleine par les matériaux qui sont majoritairement partagés par Félix et Béatrice. Ces derniers peuvent être des enregistrements sonores, des photos, des rapports d’expertises, etc. Si tous ne nous ont pas forcément convaincus, il y a de très bonnes idées – mention spéciale au debrief de fin !

Ce que l’on a moins aimé

Une intrigue un peu faiblarde

La grande difficulté dans une expérience qui s’étale sur une semaine reste de maintenir un suspense intense. Nous espérerions peut-être un peu plus de matériels. Cela aiderait pour établir nos hypothèses ou explorer d’autres aspects de la ville de Pondermere. Les plot-twist ne nous ont pas spécifiquement marqués. Cela tient-il du format « remote » asynchrone de Facebook qui montre là ses limites ? Pour Lee Conway, c’est en tout cas le point de difficulté majeur.

« Le final est probablement ce qu’il y a de plus compliqué à mettre en œuvre. Les participants, et les acteurs, ont dépensé beaucoup d’énergies pendant plusieurs jours, les attentes sont grandes »

Lee Conway

Une difficulté à s’investir dans la durée

Une autre limite de ce format qui s’étale sur la durée est l’investissement en temps que cela requiert. Selon Nina Tolstoy, l’expérience peut ne prendre que 20 minutes par jour pour les personnes qui veulent juste suivre l’aventure de loin et beaucoup plus pour ceux qui voulaient s’investir davantage. Force est de constater qu’il faut en réalité plus de 20 minutes pour suivre l’ensemble des débats et des avancées de l’enquête ! Certains jours, nous n’avions pas le temps de tout lire et de nous investir dans l’enquête. Et remettre au lendemain ce que tu aurais dû faire aujourd’hui dans Pandora Network peut être fatal. Il faut alors reprendre le fil des discussions, relire des dizaines de messages échangés pour rattraper les avancées de l’enquête. Il est en plus difficile d’émettre de nouvelles hypothèses et de remarques nouvelles tant les échanges se sont montrés prolifiques. C’est parfois frustrant.

Note : c’est un dilemme assez difficile à résoudre ! D’un côté, si l’on rajoute davantage de matériel, cela requiert potentiellement encore plus de temps pour s’investir. D’un autre côté, cela permet de mieux flécher les avancées, et de diversifier les approches ce qui peut ajouter une motivation supplémentaire.

Les conseils partagés par l’équipe pour créer un show remote

1. Faire l’erreur de penser que cela va vous rendre riche !

Si vous voulez conserver un prix accessible, ces expériences à distance ne sont pas forcément le meilleur business model du monde. Cela demande un investissement important de la part des comédiens qui n’est malheureusement pas compatible avec la rentabilité !

2. Designer l’expérience en fonction de votre public.

C’est un conseil qui revient très souvent mais qui semble si important dans le processus de création. Il faut trouver le bon équilibre entre les possibilités, ce que vous voulez faire, et ce qu’il faut faire pour pouvoir passer l’expérience à l’échelle.

3. Être flexible

C’est avant tout le public qui se construit sa propre histoire et cela demande de lui laisser une flexibilité dans sa manière de la construire. Comme le dit Lee Conway “Do not be a control freak !”.  

4. Créer un groupe Alumni pour les prochains épisodes.

Cela permet aux participants de se retrouver une nouvelle communauté animée par les mêmes centres d’intérêts et qui seront ravis de partager à nouveau d’autres aventures. 

5. S’imprégner de son personnage en discutant à distance avec les autres personnages

Lee et Rosie, l’actrice derrière Béatrice, ont de nombreuses conversations à distance avant le lancement pour s’immerger dans leur rôle, créer des bribes de relations entre les personnages et renforcer leur crédibilité en tant qu’associés improbables. Cela a permis de leur donner une profondeur et les liens qui les unissent et qui apparaissent pendant l’expérience.

6. Sur les outils pour s’organiser

Nina Tolstoy : nous utilisions au départ un excel pour suivre les participants, leurs aspirations mais avec un groupe important de participants c’est beaucoup trop complexe. Mieux vaut rester simple et se fier à l’intuition. On se retrouvait donc sur Slack et nous échangions sur ce qu’il vaut mieux faire plutôt que de faire un suivi fastidieux obsolète au bout de quelques heures.

7. Gérez Le timing des post et les fuseaux horaires 

Poster au bon moment, appeler les gens au bon moment, définir un peu le comportement du groupe pour trouver rapidement son rythme. De plus, il faut tenter d’inclure des gens aux fuseaux horaires très différents, c’est parfois difficile de suivre tout le monde selon Rosie.

8. Comprendre la dynamique du groupe

Lee le confirme, le groupe est en fait un agrégat des plusieurs petits groupes dont certains sont très investis et vont proposer des idées nouvelles, d’autres vont simplement répondre, et d’autres encore vont simplement vouloir regarder toute cette aventure de loin. Ce n’est pas grave, on ne les pousse pas à participer si vous ne voulez pas, d’autant plus qu’on ne voit pas les réactions faciales des gens et qu’il est donc impossible de réagir en fonction du moment.

Conclusion

Nous terminons l’expérience un peu sur notre faim mais avec une très forte curiosité pour le second épisode et la volonté d’y participer aussi ! On peut donc dire que malgré ses quelques défauts, cette enquête nous aura occupé et il y a définitivement quelque chose d’intriguant à Pondermere !

Merci à Nina, Lee et Rosie pour leur temps post-expérience et n’hésitez pas à découvrir leurs créations !

A partir du 14 juin prochain, les tickets pour le second épisode de The Pandora Network seront disponibles ! L’épisode 2, The Nightlife Cirucs sera joué du 18 au 24 Juillet et du 2 au 8 Août. En savoir plus ici : www.pandoranetwork.online/casestudies