Si vous passez par Berlin et que vous aimez l’art impérial chinois, l’art contemporain, les bunkers et les photos érotiques, alors la collection privée de Désiré Feuerle peut être une belle étape ! Le collectionneur, prenant plaisir à jouer sur les contrastes a souhaité nous faire découvrir un aperçu de sa collection privée d’une quarantaine d’oeuvres dans un Bunker de la Seconde Guerre Mondiale.
I want an Elegant Bunker – le constraste de M. Feuerle
The Feuerle collection c’est une expérience que nous avons beaucoup apprécié avec Charlotte. Pas si simple d’y accéder : la visite se fait sur réservation, les indications sont peu nombreuses pour parvenir au lieu, qui se situe dans un endroit un peu excentré..Il est pourtant difficile de le louper en réalité puisqu’il s’agit d’un Bunker.

En petit groupe d’une dizaine de personnes, nous allons passer la prochaine heure à découvrir les œuvres rassemblées par le maître des lieux depuis plusieurs dizaines d’années. Nous sommes accueillis par un grand gaillard qui vérifie notre réservation. Il nous fait attendre dans un silence timide jusqu’à l’heure exacte et nous fait ranger nos téléphone. Une médiatrice prend ensuite le relais et nous présente rapidement la collection, l’histoire du lieu, le déroulé de l’expérience et quelques règles avant de débuter.
On y apprend que la collection de Feuerle est unique. On y trouve des œuvres crées pour des empereurs chinois, soit pour une seule personne au monde. Celles-ci sont mêlées à des œuvres contemporaines (photos et sculptures). Elles sont accueillies dans ce bunker car Désiré Feuerle a voulu créer du contraste. Un lieu brut, ayant servi pendant la guerre, et des œuvres uniques et raffinées.
Les règles à suivre sont précises
1.Nous aurons une vingtaine de minutes pour découvrir chacune des salles
2.Il est impossible de revenir en arrière une fois le temps écoulé
3.Il n’y a aucune explications associées aux œuvres (date, artiste, nom…) mais on peut poser des questions à la médiatrice présente si vous le souhaitez
4.Il n’y a pas d’itinéraires : nous sommes libres de déambuler
5.Pas de téléphone
Elles ont leur importance : on souhaite vous faire sentir que vous entrez dans un espace privilégié. Vous devez en profiter au maximum. Par ailleurs vous n’êtes pas dans un musée. Il n’y a pas de volonté de faire de la pédagogie autour des œuvres. Ici, place à l’interprétation et votre sensibilité personnelle.
Le déroulé de la visite
L’expérience débute ! Après quelques minutes passées dans le noir, accompagnées de quelques notes de piano de John Cage, nous pouvons découvrir le premier espace de la collection.
Pour commencer on trouve deux types de collection. Tout d’abord, des statues (en bois, bronze ou pierre) destinées à l’empereur. Elles sont mêlées à des œuvres contemporaines (des photos érotiques, un lac du Bunker anciennement inondé & un miroir inversé). La lumière est tamisée, avec un accent sur les œuvres ce qui offre une mise en valeur importante. Cela crée, en fait, un effet surprenant. Le contraste est saisissant entre ces œuvres, très fines et le lieu, fait de béton brut. Avec Charlotte nous ne comprenons pas tout. En quoi les œuvres contemporaines, principalement érotiques, répondent aux statues millénaires ?

La seconde pièce présente plutôt du mobilier destiné aux différents empereurs (des lits, des commodes, des tables, des chaises, etc.). Il s’agit d’un mobilier…disons un peu disproportionné ; chaque pièce du mobilier étant démesurée (#BeingEmperorÇaPezdanslgame). On retrouve aussi de nouvelles œuvres contemporaines (des photos érotiques, des peintures suggestives de fruits et de nouvelles sculptures d’arbres).

Enfin, tout au long de la visite nous avons pu parler avec la médiatrice présente sur place. Nous avons pu avoir quelques précisions sur certaines oeuvres et mieux comprendre la volonté de Désiré Feuerle, ce qui nous permet de mieux appréhender sa collection. Plutôt utile !
40 nuances de Feuerle – de l’intime exposé !
Question pour 1 euro : Quel est le point commun entre des œuvres impériales, témoin d’une représentation presque divine d’un être, et des photos érotiques de personnes lambda ? L’intimité. La collection est une forme d’hommage à l’intime. On réalise alors que l’empereur, comme n’importe quelle personne, pourrait très bien être le sujet de ces photos et cela le renvoi à une certaine humanité.
Ce sentiment d’intimité est, par ailleurs, renforcé par le faible nombre de personnes présentes et la possibilité de déambuler librement dans le lieu. Nous nous sommes rarement retrouvé à plusieurs sur une même oeuvre.
Cette collection donne bien plus à voir et à s’imaginer la vie que ces objets ont eus, leur usages. Il y a aussi un contraste intéressante : là ou ces œuvres semblent divines, éternelles, ceux pour qui elles ont été crées ne le sont pas. D’ailleurs certaines photos de fumées traduisent la vanité. Le cadre transpire la sexualisation d’un lieu de guerre et développe tout au long cette beauté intime que souhaitait Feuerle.
Au final la sensation de vivre une expérience privilégiée. A noter qu’il est possible d’assister à un rituel d’encens très très onéreux (1000€ pour 1 personne) que nous n’avons pas pu faire mais dont les retours semblent très très bons !
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