Avec le confinement, une activité s’est arrêtée très brutalement : faire la fête. C’était avant que Co-reality Collective se lance dans les soirées en ligne !

Vous pensez « PFFFFFF » en levant les yeux en l’air ? On comprend. Nous aussi nous n’y croyions pas trop et étions assez dubitatif. Le site a beau  clamer « les soirées les plus VRAIES que vous trouverez en ligne » ou « faites une VRAIE fête en ligne », nous avons du mal à y croire. Mais par principe, nous avons testé… et été très agréablement surpris ! Le collectif parvient à créer une ambiance, de l’absurde, un vrai moment partagé.

Leurs fêtes sont un tel succès, que le collectif a été sélectionné comme une des plateformes du multiverse du Burning Man 2020. Le festival commence ce dimanche 30 août et dure toute une semaine.

Nous avons pu interviewer Jessica et Thomas, membres du collectif. Nous vous partageons ici les secrets de leur succès !

Concours au co-reality collective
Des participants concourrent au plus bel animal de compagnie avec un Furby déguisé sur le thème de l’île

Pour commencer, notre expérience des soirées :

Avant de se connecter :

Charlotte a participé à la soirée Partypelago en juin, puis avec Yann nous avons été ensemble à la soirée End of the Universe début août. Nous regardons le programme de la soirée, avec plus d’informations sur le thème et les activités pour bien se préparer. (Car oui, il faut se préparer ! Le collectif affirme que ce sont des vraies fêtes ; est-ce que dans la vie vous venez à des soirées à thème en jogging ? Non ! Ici, c’est pareil !). Pour la Fête de la fin de l’univers, les inspirations sont assez larges : voyage dans le passé, le futur, et même dans l’espace !

Un peu plus avertis que la première fois où Charlotte s’est connectée sans trop savoir à quoi s’attendre, nous nous sommes donc déguisés – avec les moyens du bord, c’est le principe du déguisement-confinement. Maquillage fluo (il doit se voir sur zoom, alors il faut mettre la dose), accessoires en papiers aluminium sur la tête et vêtements de couleurs : nous sommes fin prêts.

On se dit d’ailleurs que cela fait bien longtemps que nous avons mis autant de temps à nous préparer pour une « sortie » !

Notre arrivée sur la plateforme :

Pour s’assurer que tout.e.s les participant.e.s. aient bien en tête les règles de fun, de consentement et le connexion, une petite vidéo assez drôle nous accueille, avant de se connecter dans l’espace. Quelques règles simples : personne n’est spectateur, tout le monde est participant ; pas de photo sans demander le droit ; le harcèlement en ligne, c’est du vrai harcèlement donc c’est interdit !

Une fois sur la carte, nous pouvons voir les différentes « salles » avec le programme en cours et le nombre de participants répartis. Et là, c’est à vous de jouer et d’aller là où vous en avez envie ! Nous avons particulièrement aimé le Fantasea Crew, qui organise des séries de jeux et d’aventures complètement délirantes. Nous avons également eu droit à une lecture de tarot, des dialogues en martiens, des concours de danse…

L’interview de co-reality collective

Bonjour Jessica, Thomas ! Pouvez-vous nous raconter les origines de co-reality collective ?

Jessica : Le fondateur du collectif, Ed Cook, se présente comme un « penseur de la fête ». Il organise depuis plusieurs années des fêtes incroyables, parfois même qui durent une semaine ! Il devait en organiser une de cette envergure cette année, et bien sûr il a dû l’annuler avec la pandémie. Mais il n’a pas voulu en rester là, il a donc lancé la première soirée en ligne, « the Zone », dans laquelle on trouvait déjà des principes fondateurs : plusieurs « salles », un thème directeur, des performances, etc.

Thomas : début 2020, je ne connaissais pas Ed ! Comme beaucoup de monde, j’ai été à plusieurs soirées en ligne, mais c’était souvent assez frustrant. En participant à The Zone, j’ai senti qu’elle était très différente de ce qu’on pouvait trouver ailleurs, beaucoup plus fun et engageante ! J’ai pris contact avec Ed à ce moment-là, pour développer d’autres soirées.

Comment caractérisez-vous les soirées de co-reality collective ?

Jessica : Nous partageons des moments magiques ! C’est la même intensité que lorsqu’on va à une soirée ou un évènement avec un ami. Après coup, on peut repenser à ce moment-là, aux émotions, aux rires, on a vraiment créé des souvenirs.

Est-ce que je pensais que c’était possible de vivre une telle chose sur internet avant Co-reality collective ? Pas du tout ! Et pourtant ça fonctionne. Nous réussissons à transporter mentalement les participants dans une nouvelle réalité, au travers d’un fil narratif cousu d’humour, d’absurdité et de bienveillance.

Le principe de nos soirées, c’est qu’on se connecte, on arrive sur une carte avec plusieurs « salles ». Chaque salle a un thème et un agenda. On peut voir le nombre de personnes présentes dans chaque salle, et naviguer librement !

Racontez-nous les premières soirées de co-reality !

Thomas : Déjà, pour la première soirée, les participants ne pouvaient pas « entrer » s’ils n’étaient pas déguisés. J’ai trouvé ça génial ! L’idée ce n’est pas d’être en tenue chic, mais bien de s’amuser et de se déguiser avec les moyens du bord.

Il y a aussi eu cette expérience de réalité mixte assez incroyable dans la salle « baignoire ». Pour y participer, chacun devait entrer (physiquement !) dans sa baignoire tout en étant sur zoom. On se retrouvait donc entre inconnus, tous ensemble dans nos bains chauds, aux quatre coins du monde. D’ailleurs Ed a écrit un excellent article qui résume ses apprentissages des soirées en ligne.

Certains vous définissent comme une boîte de nuit en ligne, qu’en pensez-vous ?

Jessica : pour nous cela va beaucoup plus loin. Oui bien sûr on peut danser, écouter de la musique, mais il y a aussi des shows, des ateliers, des jeux, des discussions plus intimes, des échanges sur le genre, l’identité…

Thomas : Oui, nous sommes avant tout guidés par l’envie de créer une réalité partagée. C’est comme des enfants qui jouent : on fait tous « comme si » c’était vrai, et on le fait tellement à fond que ça devient la réalité.

Atelier co-reality collective
Un atelier sur la féminité

Quelles sont les clés pour créer ce « cercle magique » en ligne ?

Jessica : avec beaucoup de préparation !

La première clé, c’est de créer le fil narratif. Avec un thème fort qui permet de donner une unité à laquelle tout le monde va pouvoir se raccrocher par la suite et libérer l’imagination. On creuse le thème, on trouve des noms accrocheurs, on développe le design visuel etc. Ensuite, nous donnons beaucoup de matière pour aider les participants à se l’approprier ! Une fois inscrits, ils ont accès à un dossier avec des vidéos, des fonds zoom thématisés, des moodboards, des accessoires faciles à trouver pour pimper leurs tenues, on prépare des rôles…

Comment est organisé le collectif ?

Jessica : Il y a une petite équipe cœur, nous sommes environ 15. Nous nous occupons du marketing, de la plateforme, de la création du thème, etc. Puis il y a les hôtes de salle qui thématisent la soirée, créent l’agenda, recrutent des performeurs… Et enfin les reality rangers, qui vont de salles en salles, s’assurent que tout fonctionne !

C’est une organisation très plate, tout le monde a joué tous les rôles.

Quels sont vos prochains projets ?

Thomas : le très grand prochain projet, c’est l’organisation du Burning Man, qui aura lieu en ligne cette année ! Nous espérons créer des centaines d’expériences, chacune avec leur propre thème et leurs activités et vendre 1000 tickets. Le festival va durer une semaine complète, 24/24h !

Nous allons améliorer la plateforme pour l’occasion. Nous voulons faciliter le plus possible la rencontre et la connexion.

Jessica : C’est un projet très très ambitieux, auquel personne n’aurait pensé il y a quelques mois !

co-reality soirée en ligne
Le plan du camp du co-reality collective à l’Online Burn

Quelle est la vision pour la suite de co-reality collective ?

Thomas : jusqu’ici, les soirées ont été à but non lucratif. Nous avons tous des boulots à côté de cette activité :  Se lancer pour le plaisir, c’est ce qui nous a permis d’avoir une très grande liberté, d’imaginer des choses complètement délirantes. Nous n’aurions jamais pu le faire si nous avions été une entreprise avec un objectif de performance, ou de la politique interne. Après 10 soirées organisées en 5 mois, la question de la suite est encore assez ouverte !

Jessica : Concernant les soirées, nous pensons réduire leur fréquence avec l’allègement du confinement, et passer à une par mois ; une autre option serait d’avoir un abonnement payant pour notre plateforme Sparkle pour les créateurs, pour des évènements plus ponctuels. Nous sommes également en discussion en ce moment avec un client corporate pour organiser leur séminaire annuel de 3 jours qui est annulé, pour le reporter sur notre plateforme ! Nous apportons à la fois la technologie et notre savoir-faire pour réussir à créer des vrais moments de partage en ligne, et pas juste des couloirs de conférences ennuyeuses sur zoom.

On continue sur notre lancée : du test and learn !

Pour finir : qu’est-ce qui est le plus difficile et le plus cool dans ces soirées en ligne ?

Jessica : le plus cool c’est de pouvoir rencontrer des gens de partout dans le monde et de vivre des moments magiques avec eux ! Et le plus difficile c’est le travail titanesque que ça représente… mais une fois qu’on vit vraiment ces soirées de 8h, on se dit toujours que ça en valait la peine.

Thomas : le plus cool, c’est que tout est à créer, tout est possible ! Et le plus difficile, c’est de réussir à convaincre quelqu’un qui a vécu une soirée en ligne assez nulle (comme on en voit beaucoup), et parvenir à le convaincre que celles-ci sont différentes et que ce sont des VRAIES soirées.

Merci à Jessica et Thomas pour leur temps ! Pour participer au SparkleVerse de l’Online Burn, c’est ici. Pour en savoir plus sur le co-reality collective, c’est ici sur leur page facebook ou sur leur site internet !

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