Le Centre PHI est un phare québécois de l’immersif : ce centre artistique propose des expositions d’œuvres immersives, principalement en réalité virtuelle. C’est une des institutions culturelles qui comprend, à notre sens, le mieux les enjeux des technologies immersives et leurs problématiques de diffusion à l’heure d’aujourd’hui ! Nous avons pu échanger avec Myriam Achard, Chef Partenariats Nouveaux Médias & RP du Centre PHI, pour en savoir plus sur son ADN, ses activités et sa vision dans une ère covid & post-covid.

Myriam Achard - Credits Photo : ORB

Pouvez-vous nous dire ce qu’est le Centre PHI et d’où lui vient son engagement pour la réalité virtuelle ?

M.A : Le Centre PHI est une institution imaginée et fondée par Phoebe Greenberg, une entrepreneure culturelle montréalaise. Au début, il s’agissait surtout de créer un lieu pour accueillir toutes les formes d’arts. En 2013, notre rencontre avec le studio Felix&Paul a scellé un engagement pour  l’immersif, plus technologique.

Dès lors, nous avons développé l’envie de présenter des expositions à l’intersection entre arts et technologies, et où la XR occuperait une grande place. C’était un pari assez fou puisqu’il y a 7 ans, le public ne connaissait pas du tout la réalité virtuelle, ni la réalité augmentée ou mixte.

Nous avons beaucoup travaillé sur l’éducation du public – nos médiateurs jouent un rôle primordial. Notre souhait était, et est toujours, de démontrer la variété de contenus disponibles, ainsi que la force et l’impact des histoires racontées en XR. Nous continuons les concerts, ou même à faire des projections de films, mais désormais notre focus est dédié aux projets immersifs.

Alors que le covid-19 a stoppé net le monde de la culture, le Centre PHI semble avoir continué sa mue immersive avec le développement d’une nouvelle offre : VR TO GO. Pouvez-vous nous en dire plus ?

M.A : Comme tous les espaces culturels, le Centre PHI a dû fermer ses portes le 13 mars 2020. C’était un choc. Dans un même temps, nous avons tout de suite voulu réagir et garder contact avec notre public. Nous nous sommes donc demandé :

Comment faire vivre des expériences de réalité virtuelle à des personnes qui ne disposent pas, en grande majorité, de casques à la maison ?

De là est né VR TO GO ! Avec une envie de permettre à n’importe qui, n’importe quand de louer un casque de VR avec un accès à une sélection de contenus triés sur le volet. Nous ne savions pas du tout comment le public allait réagir. Dès le lancement du lancement, les casques en location ont été « sold-out ». Et depuis, l’offre fonctionne toujours, peu importe que les portes du Centre soient fermées ou ouvertes au public !

Cela nous montre que l’offre est viable et qu’elle est vouée à être pérenne.

Exemple du programme actuel de VR To Go

À tel point d’ailleurs que VR TO GO est rapidement devenu international ?

M.A : Oui, à Paris, le Centre PHI s’est associé avec le104 et Diversion Cinéma pour lancer l’offre. Et nous avons aussi un pied à terre au Luxembourg désormais.

Nous avons formalisé les cas d’usages, éliminé les points de friction du parcours, pour proposer un cadre de service à peu près équivalent partout.

Par exemple, nous ne proposons que des contenus en 360, sans manettes de direction (trop complexe pour un nouvel utilisateur). Il faut que cela reste une offre de découverte. Le parcours doit être très facile d’utilisation pour contribuer à l’adoption du produit.

En dehors de cette offre, y’a-t-il des initiatives nées de cette crise qui vous ont marquée dernièrement ?

M.A : J’ai vu énormément de personnes se lancer dans le développement de plateformes virtuelles pour recréer des espaces d’expositions en ligne, en réalité virtuelle ou autre. C’est intéressant mais cela pose toujours la problématique de l’accès au matériel.

J’ai pour ma part beaucoup aimé ce que la Mostra de Venise a fait en 2020, avec un hébergement de l’évènement dans une quinzaine de lieux physiques à travers  le monde. Une excellente manière d’élargir les audiences !

Et puis, j’espère qu’il y aura de plus en plus de collaborations entre les espaces pour permettre des programmations partagées ! C’est ce dont nous avons besoin.

La scène montréalaise est-elle propice au développement de nouvelles offres immersives ?

M.A : L’écosystème montréalais est incroyablement bien établi et coopératif. Nous avons des producteurs de contenus reconnus et très engagés comme l’ONF (Office national du Film du Canada), des studios établis comme Dpt., Normal Studio ou encore Felix&Paul. Quand c’est possible, nous accueillons leurs créations au Centre.

Et puis, il y a beaucoup de fonds publics au Québec et au Canada qui favorisent aussi l’émergence de cette création artistique. Le Fonds des Médias du Canada (FMC), les Conseils des arts (Montréal / Québec / Canada), la SODEC (Société de développement des entreprises culturelles), offrent des sources de financements qui contribuent largement au développement de cette scène immersive.

Je pense que Montréal est déjà un phare de l’immersion et peut à l’avenir s’affirmer encore un peu plus !

Et aujourd’hui, quels sont les projets du Centre PHI ?

M.A : Nous travaillons actuellement et depuis déjà un certain temps sur deux importants projets. Le premier, c’est la remise en tournée de Carne y Arena (la création VR de Alejandro Gonzalez Iñárritu). Nous avons optimisé l’œuvre pour la tournée ; en ce sens qu’elle puisse accueillir 14 personnes / heure au lieu de 3. Nous négocions désormais avec des villes partenaires pour accueillir l’installation.

La seconde c’est la création de l’exposition itinérante The Infinite en collaboration avec Felix&Paul. Des caméras de réalité virtuelle ont été placées sur la station spatiale internationale, l’ISS, et nous pourrons découvrir ces contenus dès cet été à Montréal en première mondiale ;  et comme pour Carne y Arena, désormais nous sommes en recherche de lieux qui sont prêts à accueillir des créations contemporaines. C’est du free-roaming en VR, sur 1000 m², et jusqu’à 100 personnes / heure. Nous avons fait appel à l’artiste japonais Ryoji Ikeda afin qu’il crée une œuvre spécifiquement dans le cadre de cette expérience. En somme, c’est tout simplement incroyable ! Neuf ans après sa création, le Centre PHI tente toujours de dépasser les limites !

Ndlr : depuis notre échange, daté du mois de février – L’infini est sorti de terre et a bien trouvé un lieu ! Vous pouvez avoir plus sur la page dédié du Centre Phi 

Merci à Myriam Achard, qui continue, de son côté à voyager depuis chez elle. Présente à tous les festivals de façon virtuelle, continuant à jouer un rôle de mentors, de curatrice ou de jurys car le plus important en culture, c’est de garder le lien. Et le Centre PHI aurait bien trouvé le moyen d’en créer un nouveau, plus immersif et virtuel cette fois-ci !

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