Il y a peu, nous avons visité le Jüdische Museum à Berlin. L’architecture du lieu en fait une expérience très immersive (à découvrir ici) ! Par chance, une installation de James Turell y était aussi proposée. L’artiste américain est connu pour ses œuvres qui s’appuient sur la lumière et la perception. Aural joue sur nos sens, entre vide total et plénitude.
Vers la lumière tu iras !
Aural est une grande pièce légèrement inclinée aux contours ronds. On y trouve au fond un grand mur lumineux. Dès le départ, nous remarquons que l’inclinaison nous pousse à avancer dans l’œuvre, à aller toujours plus loin et s’approcher du bord (dans lequel pour éviter de tomber, un très léger son bipe si on est trop proche !) .
La lumière est le pilier des œuvres de James Turell (“The Light Sculptor”). Dans cette œuvre, on a du mal à percevoir d’où vient elle vient, ou à mesurer son intensité : est-elle forte ou faible ? Vient-elle de devant ou de notre dos ?
La pièce varie de couleur, le plus souvent imperceptiblement : du blanc translucide au bleu glissant au vert, puis au magenta. Les atmosphères créées sont ainsi très différentes : on passe d’une sorte d’hiver froid avec une impression de brume lorsque la lumière est blanche à un espace plus chaud et électrique, avec le magenta. Quoi qu’il en soit, le calme règne dans cette expérience visuelle. Enfin… pas toujours ! Deux transitions sont stroboscopiques, avec des changements de lumières très violents : on se sent très vivement agressé et acculé.
Mais ce qui est intéressant dans cet expérience c’est surtout la transition progressive d’une expérience purement visuelle à une expérience sensorielle.

Une immersion qui fonctionne !
La perte de la notion d’espace est frappante dans l’expérience. Lorsque la lumière est d’un blanc-pâle par exemple, les éléments de représentation de l’espace disparaissent : il n’y a plus de sol, de plafond, de rebord ou de murs. La pièce semble alors infini, sans contours, et en même temps on se sent présent dans une pièce infiniment oppressante. L’atmosphère est prenante.
Nous perdons aussi peu à peu la notion du temps : Nous pensions d’ailleurs être resté 15 minutes dans l’installation… et non ! Nous y sommes restés 30 minutes.
Aural joue sur notre vue et notre perception par des illusions : on ne sait plus vraiment si ce que l’on voit est réel ou non. Baignés dans une lumière rose vif depuis plusieurs minutes, nos récepteurs saturent et par rémanence, lorsque nous clignons ou fermons les yeux nous voyons du vert, ce qui est est très désorientant. On ne sait plus ce qu’on voit et ce qu’on croit voir. Dans Aural, la lumière ne vous quitte jamais. De même, le sas d’entrée dans l’œuvre fait partie intégrante d’Aural : l’espace se découpe très nettement, comme un tableau monochrome, lui aussi lumineux.
Ce sas est en soit une œuvre et une véritable bouffée d’air pendant l’expérience. Il permet de vérifier que nous avons toujours une porte de sortie.

Nos sens sont complétement perdus : on ne sait pas si on les sur-mobilise ou si l’on en est complétement privé. Nous ne pouvons ni nous assoir ni toucher les murs. Il n’y a pas d’odeur, il y règne un calme total, si bien que nous avons l’impression de les avoir perdus. Et en même temps, tout ces sens semblent aiguisé aux moindres modifications de l’environnement. On croirait flotter dans un espace indéfini, seule, et on ne retrouve ses repères que lorsque le contraste de lumière entre le mur du fond et la pièce revient..
En conclusion
Aural est une œuvre qui à la fois exalte les sens, une sorte de bulle totalement en dehors de toute notion d’espace ou de temps. Vous l’aurez compris, c’est une expérience très immersive qui modifie totalement nos perceptions et émotions !
On a aimé :
Le paradoxe entre espace infini et oppressif
La perte de la notion espace-temps
Le fait que la lumière seule puisse produire un tel effet !
Une expérience solitaire et collective
Les charlottes au pied trop cool que l’on met pour pénétrer dans l’espace !
Pendant le tour, nous devrions pouvoir vivre d’autres installations de James Turrell, notamment à la Tate Modern à Londres, au musée d’art de Chichu au Japon et sa House of light à Tokamachi, également au Japon.
Des remarques ? Des idées d’autres artistes immersifs ? Dites-nous tout en commentaire ou sur notre page contact !